L’égalité des genres, une problématique centrale chez ADA

Les questions du genre ont été intégrées à l’organisation pour faire face aux réalités vécues par les femmes sur le terrain. Dans le rapport « Les Chemins de l’égalité se dessine le constat des inégalités objectives auxquelles les femmes sont confrontées dans le cadre professionnel. Il en est de même au sein du milieu rural au Rwanda, où les discriminations liées au genre s’ajoutent à leur précarité, résultant dans une vulnérabilité plus importante encore.

Situation au Rwanda

Le Rwanda a inscrit l’égalité des genres au cœur de ses priorités, notamment dans sa Constitution de 2003 qui garantit la parité et réserve au moins 30 % des postes décisionnels aux femmes. Cet engagement se reflète aussi dans des cadres stratégiques tels que la Vision 2020 et les Objectifs de Développement du Millénaire (ODM), avec des politiques intégrant le genre dans tous les secteurs. Des initiatives visent à renforcer les capacités des femmes, améliorer leur représentation dans les instances de gouvernance, et promouvoir des conditions de travail équitables par le dialogue social.

Participation des femmes et des hommes sur le marché du travail

L’analyse du marché du travail au Rwanda, selon les enquêtes EICV 1 et 2, révèle que les femmes représentent 55,1 % de la population active, contre 44,9 % pour les hommes. Cependant, les femmes se concentrent dans des emplois moins rémunérés ou non rémunérés, notamment en agriculture de subsistance, qui regroupe 71,3 % des travailleurs en 2006, dont 62 % sont des femmes. Les hommes prédominent dans les emplois salariés agricoles et non agricoles, mieux rémunérés. Entre 2002 et 2006, le nombre total d’emplois a augmenté de 694 000, mais les emplois masculins ont bénéficié davantage de cette hausse qualitative.

Législation nationale pour l’égalité hommes-femmes

Le Rwanda est signataire de plusieurs conventions de l’OIT, notamment celles sur l’égalité de rémunération et la non-discrimination dans l’emploi. La législation nationale, à travers le Code du travail de 2009, interdit explicitement toute discrimination basée sur le genre, protège les victimes de harcèlement ou de violence, et garantit l’égalité des chances pour les femmes et les hommes, y compris dans les responsabilités familiales. Des dispositions spécifiques incluent un congé maternité de 12 semaines (avec une rémunération complète pendant 6 semaines), des protections pour les travailleuses enceintes ou allaitantes, et des critères non discriminatoires en cas de licenciement.

Structures institutionnelles pour l’égalité de genre

Des organes tels que le Ministère du Genre (MIGEPROF), le Conseil National des Femmes (CNF), et l’Observatoire National du Genre (GMO) supervisent l’intégration du genre dans toutes les politiques et programmes. Ces institutions assurent la promotion de l’égalité, renforcent les capacités des femmes, et surveillent la mise en œuvre des mesures de protection et d’égalité.

Obstacles et discriminations persistantes

Malgré les cadres juridiques et institutionnels, des formes de discrimination persistent dans le monde du travail :

  • Les femmes mariées ne bénéficient souvent pas d’allocations familiales, contrairement aux hommes.
  • Les entreprises privées privilégient parfois les hommes pour des postes de direction, justifiant cela par des stéréotypes sur leurs prétendues meilleures capacités de gestion.
  • Certaines violations des droits légaux des femmes, notamment sur les congés maternité, sont observées dans le secteur informel et privé.

Le positionnement d’ADA

L’approche de genre défendue par ADA se fonde sur une égalité entre les sexes, autant dans la participation aux processus décisionnels et politiques que dans la valorisation et la reconnaissance sociale et économiques des rôles et contributions de chacun.e.

Le projet vise ainsi à autonomiser les femmes en leur permettant de comprendre et de résoudre leurs propres problèmes, mais veille aussi à ce que les hommes bénéficient également des actions entreprises. Les interventions incluent des méthodes de communication interpersonnelles, des séminaires, des ateliers, un soutien financier et logistique, ainsi qu’un suivi des activités.

L’objectif est de renforcer la capacité des femmes à jouer un rôle actif dans la communauté et la société. Bien que l’accent soit mis sur l’équilibre entre les sexes pour éviter les tensions, les femmes chefs de famille bénéficient d’une approche privilégiée justifiée par leur condition sociale et la charge de leurs responsabilités.

Les défis au Rwanda

Les défis auxquels ADA et ses partenaires font face exigent une approche holistique et multisectorielle, intégrant les dimensions de genre, de droits de l’homme et de développement durable. En s’attaquant à ces défis de manière collective et coordonnée, nous pensons qu’il est possible de progresser vers une société plus équitable, plus inclusive et plus résiliente.

Parmi ces défis, la violence basée sur le genre continue de représenter une menace sérieuse, avec une augmentation des cas signalés. De nombreux progrès dans la sensibilisation et la prévention sont encore à réaliser.

La participation politique des femmes dans les élections demeure également une préoccupation majeure. Il importe ainsi d’accroître la représentation féminine dans les instances décisionnelles, pour garantir une participation significative des femmes à tous les niveaux de gouvernance.

En outre, l’intégration des femmes dans le système financier et le marché du travail, ainsi que dans la sécurité publique, reste un objectif crucial pour favoriser le développement économique et réduire les inégalités de genre.  Favoriser l’accès aux services financiers et aux opportunités d’emploi nécessite des actions ciblées pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes.

Une autre problématique réside dans la vulnérabilité des populations migrantes. Une nouvelle fois, les femmes, les filles et les jeunes en situation de handicap subissent une fragilité plus importante, nécessitant une attention accrue.

Dans le programme Repes

Le programme REPES, qui vise à améliorer les conditions de vie et à favoriser l’intégration sociale de 1600 familles au Rwanda, fait de l’égalité des genres une de ses priorités. Parmi les 5 résultats autour desquels le projet est axé, l’un d’eux vise le renforcement des acteurs en genre, en droits humains et en environnement. De plus, un des objectifs du programme tend à favoriser l’empowerment des bénéficiaires. Or, près de la moitié d’entre elles sont des femmes veuves vivant seules, la plupart du temps avec des enfants à charge. 

De nombreuses activités sont dès lors orientées autour de ces objectifs, notamment via le renforcement de l’équipe projet par des formations à l’approche GALS (Gender Action Learning System). Cette approche offre une voie pour intégrer l’égalité des sexes dans les projets ruraux et les programmes en abordant les relations de pouvoir à la base des inégalités. Il cherche notamment à provoquer un changement de comportement au sein des ménages, et que ces changements mènent à des transformations plus larges grâce au partage entre pairs. Entre autres, dans le cadre du projet REPES, 200 bénéficiaires ont ainsi été formés sur la masculinité positive, et initiés à la culture de la paix et aux droits humains.

Sources

https://www.jean-jaures.org/wp-content/uploads/2022/01/Bendavid-Baumlin.pdf
https://www.ilo.org/sites/default/files/wcmsp5/groups/public/@ed_dialogue/@dialogue/documents/publication/wcms_194270.pdf
https://idrc-crdi.ca/fr/histoires/rwanda-larme-de-paix-de-la-masculinite-positive#:~:text=Apr%C3%A8s%20le%20g%C3%A9nocide%20de%201994,promeut%20m%C3%AAme%20la%20masculinit%C3%A9%20positive.
https://www.cncd.be/operation-11-11-11-rwanda-profemmes-genre-egalite-sexes

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