Projet Urumuri: une valorisation de l’art traditionnel Batwa
Le Rwanda est un pays majoritairement rural. Ses quelques centres urbains, de Kigali à Butare, n’accueillent pas plus de 20 % de la population, dans un territoire relativement exigu. Cela en fait un des pays les plus denses du monde. C’est dans cette densité humaine, vivant majoritairement de l’agriculture, de l’agroforesterie et de l’élevage, que cohabitent trois ethnies. Les Batwa, appelés aussi de manière plus générique les Twa, sont un peuple minoritaire, dont les membres se répartissent dans toute la région des Grands Lacs.
Les Batwa, peuple ancien issu des Pygmées, perpétuent un mode de vie traditionnel qu’ils expriment au travers de pratiques comme la danse et la poterie. Aujourd’hui, il ne constitue pas plus de 1 % de la population.
L’histoire du Rwanda, en particulier dans ses heures sombres, a rendu interdite toute distinction entre les ethnies (Hutu, Tutsi et Batwa). Il en résulte une indifférenciation du peuple rwandais qui, si l’intention fut de mettre fin aux clivages ethniques, en ignore les réelles disparités. En effet, le peuple batwa, extrêmement minoritaire, subit de nombreuses oppressions au cours de leur histoire. En cause : la réduction de leur territoire qui, petit à petit, sous l’impulsion des mouvements migratoires, a grignoté ses lieux de vie et ses zones de chasse. Aujourd’hui, ils se situent en marge de la société, dans une situation socio-économique structurellement précaire.
Cadre du projet Urumuri
Le district de Nyanza est une région au relief important. Son territoire est une alternance de vallons et de vallées fertiles. Le terrain est propice à l’agriculture, et le paysage recouvert de champs jouit d’un climat subtropical de haute altitude, garantissant des températures modérées et des précipitations fréquentes.
C’est dans ce décor que fut mis en place le chantier du projet Urumuni, du nom de la coopérative qui l’a lancé en 2016. Financé par ADA et ZOA en collaboration avec l’APROJUMAP, ce projet a pour objectif d’améliorer les conditions de vie de 36 ménages, dont 31 sont des femmes, du Secteur Mukingo, dans le District de Nyanza. Pour ce faire, des activités sont menées pour permettre de les appuyer techniquement et financièrement et de favoriser leur développement.
Le projet se veut être l’occasion d’une revalorisation de leur artisanat traditionnel, en particulier celui de la poterie, dont les pots en argiles vendus sur le marché constituent une source de revenu alternative. Il s’agit de fournir de la visibilité à cet art traditionnel, en même temps que de redonner aux potiers un rôle social plus important.
Non content de se limiter au seul projet céramique, le projet Urumuri a adopté une approche globale dès le départ. D’autres activités sont ainsi soutenues par le projet, comme l’apiculture, l’agri-élevage, dans l’optique d’un accroissement des revenus des familles et de la réduction de la pauvreté.
Semestre 1
Pour renforcer l’activité des apiculteurs, 10 ruches traditionnelles ont été rachetées, dans le but d’y transférer les abeilles dans des ruches modernes, dont la technique de pointe a permis d’améliorer significativement la production de miel (en 1 an, elle a été multipliée d’un facteur 6).
Concernant l’agri-élevage, accompagné du soutien d’APROJUMAP, les bénéficiaires ont pu booster leur pratique agricole, notamment en variant le type de produit cultivé, mais aussi en optimisant les techniques d’agriculture. Sur la poterie, enfin, formations et appuis techniques ont permis la fabrication de 400 pots, dont 300 ont été vendus sur le marché.
Semestre 2
Lors du second semestre, l’objectif était d’aller plus avant dans ce qui avait déjà été accompli. Plusieurs initiatives ont été lancées, notamment la construction de 3 maisons pour les bénéficiaires sans-abris, mais aussi l’aménagement du local de la coopérative et un appui à la scolarisation des enfants. Des terrains ont également été achetés pour les bénéficiaires, et un accompagnement a été fourni pour les orienter vers de bonnes techniques d’élevage. Enfin, beaucoup d’infrastructures, détériorées par les pluies diluviennes, ont été restaurées.
Les résultats du programme sont jusqu’à présent encourageants. La production de poterie s’améliore progressivement, des maisons ont été construites ou adaptées pour répondre aux besoins des familles, et des formations ont été dispensées sur les droits sociaux. La crise du COVID-19 a entraîné des perturbations importantes, comme la suspension des crédits et la baisse des revenus liés au tourisme. Beaucoup d’efforts sont toutefois déployés pour relancer les activités économiques et superviser le fonctionnement de la coopérative.
Plus d’info sur le projets Urumuri ici.